L'ordre serré dans le temps.
Les origines antiques. [modifier]
Historiquement, l'ordre serré désigne la manière de rassembler des soldats en unités constituées durant une bataille et lors des déplacements.
Il s'agit d'une innovation particulière à l'infanterie issue des phalanges grecques. Le regroupement d'hommes orientant leur armes et leur effort d'attaque dans la même direction, conjugués à la cohésion et le moral des hoplites (rassurés par la proximité de leur compagnons) deviendront alors gages de la victoire face à des armées plus nombreuses mais désordonnées (voir Bataille de Marathon).
Elle sera reprise par la Macédoine et les armées hellénistiques avant d'être utilisée par les légions romaines et les Germains (qui combattaient en « coin »).
La renaissance de l'infanterie par le retour à l'ordre serré. [modifier]
Dés la fin du moyen-âge les armées de Flandre et d'Écosse réutilisent les phalanges sous le nom de Schiltron lors des batailles de Courtrai (1302) et de Bannockburn (1314).
La pique et le regroupement d'homme sont alors utilisés régulièrement à la Renaissance (Flandre et Suisse) pour faire face aux armées de royaumes à forte tradition de cavalerie lourde (France à Courtrai et Bourgogne à Grandson puis Morat). D'ailleurs Machiavel (Discours sur la première décade de Tite-Live) théorisera l'emploi de piquiers pour armer les milices communales des petits états marchands du nord de l'Italie (certains y voit les prémices de la citoyenneté).
Finalement, toutes les armées de la Guerre de Trente Ans utiliseront l'ordre serré (notamment les mercenaires allemands) même lors de leur transformation en formation composite avec des arquebusiers, tels les Tercio espagnoles.
La guerre industrielle. [modifier]
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'ordre et le choc d'une colonne en ordre serré livrera les clefs de la victoire. L'ordre "Serrez les rangs !" était alors la principale instruction à donner au combat pour que les unités marchent à l'ennemi malgré leurs pertes.
Puis le développement des armes à feu avec canon rayé a définitivement changé la physionomie de la bataille. Désormais, le "feu tue". Il décimera les colonnes de la Guerre de Crimée, de la Guerre civile américaine et de la Guerre franco-allemande de 1870.
Désormais, l'ordre serré n'est plus utilisé que pour les activités de maintien de l'ordre (CRS et Gendarmerie mobile), sinon pour accéler et ordonner le déplacement de grandes masses d'hommes ou pour les défilés (notamment celui du 14 juillet en France).
[modifier] L'ordre serré et son utilisation.
Les concepts. [modifier]
Au XVIIIe siècle, une grande querelle de tacticiens opposa partisans de l'ordre serré et ceux de l'ordre profond. Le combat d'infanterie se basait alors sur deux concepts :
* Le choc qui prévilégie le corps à corps pour désorganiser physiquement les unités adverses en lui causant des pertes et en la percutant de façon à dissocier sa formation.
* Le feu qui prévilégie les pertes par feu de salve pour causer un nombre de pertes démoralisant sur l'unité adverse en vue de la voir se dérouter.
Les Anglais donnaient leur préférence à l'ordre mince et avait même développé le feu de salve par peloton qui permettait de toucher en même temps un groupe d'homme de façon à créer, à chaque décharge, un trou dans la formation adverse. Les armées moins professionnelles utilisent les salves par ligne. Sur trois rangs : les hommes d'une ligne tirent pendant que ceux des deux autres rechargent. Les dégâts de chaque salve étant répartie dans la masse de l'unité adverse, ils avaient un effet moins dommageable pour le moral que le feu par peloton.
Formations militaires. [modifier]
Différentes formations ont vu le jour au fil des technologies mise en oeuvre sur le champ de bataille et de leurs concepts d'utilisation.
* La colonne (ordre profond) : premières des formations mise en oeuvre, elle favorise le choc grâce au nombre de rangs qui poussent les hommes en première ligne. C'est la formation qui permet les déplacement les plus rapides. Elle est fragile face au feu et au bombardement.
* la ligne (ordre mince) : solution privilégiant le feu, elle permet au plus grand nombre d'homme de tirer sur l'adversaire. Elle est fragile au choc et peut être facilement traversée par une attaque de choc ou de la cavalerie. Une ligne est très peu mobile.
* L'ordre mixte : Solution intermédaire qui alterne colonnes et lignes sur la ligne de front afin de profiter des avantages du feu et du choc.
* Le carré : Ligne repliée en forme de carré. Elle permet de faire face dans tous les sens. Les carrés étaient utilisés par l'infanterie pour résister aux charges de cavalerie.
[modifier] Commandement en ordre serré
Mouvements de rassemblement / dispersion [modifier]
* "Homme de base, à moi" : le commandant de l'unité appelle à lui l'homme de base en vue de faire se rassembler l'unité.
* "Rassemblement en colonnes par 3, sur 3 rangs.. !" : le commandant de peloton ordonne au peloton de se ranger derrière l'homme de base.
* "En colonne, couvrez" : lorsque l'unité est au garde à vous et constituée en colonne, tous les éléments situés sur la colonne la plus à gauche (colonne de l'homme de base) tendent le bras gauche et prennent la distance d'un bras par rapport à l'élément situé devant, tandis que les premiers éléments des autres colonnes plient le coude gauche et posent leur poing sur la hanche pour prendre la distance d'une coudée par rapport à l'élément situé à leur gauche, tout en tournant la tête vers la gauche.
* "Coude à coude à droite alignement" : le premier rang plie le coude gauche et pose le poing sur la hanche.
* "Fixe" : l'unité se remet au garde à vous en claquant le bras gauche et ramenant le regard vers l'avant.
* "Rompez les rangs" : En rangs, l'unité salue ou présente les armes en poussant un cri de section ou de peloton et se disperse.
Mouvements de pied ferme [modifier]
* "A gauche... gauche !" : Tous les éléments de l'unité constitué font un quart de tour simultané vers la gauche. Au son de l'ordre de préparation (A gauche....), chacun se prépare à pivoter en soulevant simultanément de quelques millimètres les orteils du pied gauche et le talon du pied droit. Au son de l'ordre d'exécution (gauche !), chacun pivote en prenant appui sur son talon gauche et ses orteils droits. Le pied droit vient alors rejoindre le pied gauche en frappant le sol du talon.
* "A droite... droite !" : même chose que précédemment, inverser droite et gauche.
* "Demi-tour ... droite !" : Ordre exécuté en trois temps. Premier temps : chaque élément recule le pied droit et l'oriente vers l'extérieur. Deuxième temps : chacun pivote sur ses talons et fait un demi-tour en se tournant sur sa droite. Troisième temps : chacun ramène son pied droit à hauteur du pied gauche en frappant le sol du talon. Le demi-tour gauche n'existe pas.
Mouvements de déplacement [modifier]
* "En avant... Marche !" : Au son de l'ordre d'exécution, l'unité lève le pied gauche comme un seul homme et commence à marcher au pas cadencé. Le rythme est donné par les "Un, deux, un, deux..." du commandant de l'unité, qui suit le rythme donné par l'homme de base, ordres synchronisés avec la frappe du sol du talon gauche des éléments de l'unité. La prononciation est très souvent déformée pour retentir de façon plus sonore. A noter que "Gauche, droite..." n'existe pas dans l'armée française.
* "Une fois à droite (ou à gauche)... Marche !" : tout en se déplaçant, l'unité va pivoter sur l'homme de droite de manière à ce que l'unité se retrouve orrientée vers la droite. Durant cette manoeuvre, tout les éléments arrêtent de balancer les bras et les gardent le long du corps. Le balancement reprend à l'initiative de l'homme de base, quand toute l'unité a tourné.
* "Deux fois à droite (ou à gauche)... Marche !" : même manoeuvre sauf que le pivot est de 180° au lieu de 90°.
* "Une (ou deux) fois à droite (ou à gauche) en partant... Marche !" : même manoeuvres que les précedentes si ce n'est que l'unité est à l'arrêt et se met en marche à l'ordre exécutoire.
* "Marquez le pas.... marche !" : A l'ordre préparatoire, l'unité raccourcit le pas mais garde la cadence. A l'ordre d'exécution, l'unité piétine sur place, sans accélérer le pas (ce qui est le plus difficile à maîtriser, la tendance étant d'accélérer la cadence quand on n'avance plus).
* "Section... (peloton, compagnie...) ... Halte !" : A l'ordre d'exécution sur le pied droit, l'unité exécute encore un pas puis ramène le pied droit contre le pied gauche en faisant claquer le talon au sol.